jueves, 5 de febrero de 2009

Carta dirigida al presidente israelí por Jean-Moïse Braitberg y publicada por Le Monde el 28 de enero pasado.

Le texte en français suit la traduction en anglais.

Erase my grandfather's name at Yad Vashem, by Jean-Moïse Braitberg
LE MONDE | 28.01.09 |


Mr. President of the State of Israel, I am writing to you to intervene with the
appropriate authorities to withdraw, from the Yad Vashem memorial dedicated
to the memory of Jewish victims of Nazism, the name of my grandfather,
Moshe Brajtberg, gassed at Treblinka in 1943, and those of other members of
my family who died during deportation to various Nazi camps during World
War II. I ask you to honor my request, Mr. Chairman, because what took place
in Gaza, and more generally, the injustices to the Arab people of Palestine
for sixty years, disqualifies Israel to be the center of the memory of the harm
done to Jews, and thus to all humanity.

You see, since my childhood, I lived in amongst survivors of the death
camps. I saw the numbers tattooed on their arms, I heard the story of torture;
I knew the impossible grief and I shared their nightmares. I was taught that
these crimes must never happen again, that never again must man, because
of ethnicity or religion despise other man, mock his Human Rights of living a
safe, dignified life, without barriers, and hope, so remote be it, of a future of
peace and prosperity.

Yet Mr. President, I note that despite dozens of resolutions adopted by the
international community, despite the glaring evidence of the injustices done to
the Palestinian people since 1948, despite the hopes raised in Oslo, and
despite the recognition of the right of Israeli Jews to live in peace and
security, repeatedly reaffirmed by the Palestinian Authority, the only answers
given by successive governments of your country have been violence,
bloodshed, confinement, incessant controls, colonization, deprivations.

You'll tell me Mr. President, that Israel has the right to defend itself against
people launching rockets into Israel, or suicide bombers that destroy innocent
Israeli lives. My response to that is that my humanism doesn't vary according
to the nationality of the victims.

Yet you, Mr. President, you lead the destiny of a country which claims not
only to represent the Jews as a whole, but also the memory of those who
were victims of Nazism. This is what concerns me and that I find
unacceptable.

By displaying the names of my family members at the Yad Vashem Memorial,
in the heart of the state of Israel, your state imprisons my family memories
behind the barbed wires of zionism, and makes it hostage of a so-called
moral authority which commits every day the abomination of denying justice.

So, please, remove the name of my grandfather from the shrine dedicated to
cruelty against Jews so that it no longer justifies the injustice being done to
the Palestinians.

Please accept, Mr. President, the assurances of my respectful consideration.

Jean-Moïse Braitberg is a French author
http://mobile.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/...




ORIGINAL EN FRANÇAIS

Effacez le nom de mon grand-père à Yad Vashem, par Jean-Moïse Braitberg
LE MONDE | 28.01.09 | 14h23 . Mis à jour le 29.01.09 | 09h15

>



Monsieur le Président de l'Etat d'Israël,

je vous écris pour que vous interveniez auprès de qui de droit afin que l'on
retire du Mémorial de Yad Vashem dédié à la mémoire des victimes juives du
nazisme, le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en
1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation
dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale. Je vous
demande d'accéder à ma demande, monsieur le président, parce que ce qui
s'est passé à Gaza, et plus généralement, le sort fait au peuple arabe de
Palestine depuis soixante ans, disqualifie à mes yeux Israël comme centre de
la mémoire du mal fait aux juifs, et donc à l'humanité tout entière.

Voyez-vous, depuis mon enfance, j'ai vécu dans l'entourage de survivants
des camps de la mort. J'ai vu les numéros tatoués sur les bras, j'ai entendu
le récit des tortures ; j'ai su les deuils impossibles et j'ai partagé leurs
cauchemars.

Il fallait, m'a-t-on appris, que ces crimes plus jamais ne recommencent ; que
plus jamais un homme, fort de son appartenance à une ethnie ou à une
religion n'en méprise un autre, ne le bafoue dans ses droits les plus
élémentaires qui sont une vie digne dans la sûreté, l'absence d'entraves, et
la lumière, si lointaine soit-elle, d'un avenir de sérénité et de prospérité.

Or, monsieur le président, j'observe que malgré plusieurs dizaines de
résolutions prises par la communauté internationale, malgré l'évidence
criante de l'injustice faite au peuple palestinien depuis 1948, malgré les
espoirs nés à Oslo et malgré la reconnaissance du droit des juifs israéliens à
vivre dans la paix et la sécurité, maintes fois réaffirmés par l'Autorité
palestinienne, les seules réponses apportées par les gouvernements
successifs de votre pays ont été la violence, le sang versé, l'enfermement,
les contrôles incessants, la colonisation, les spoliations.

Vous me direz, monsieur le président, qu'il est légitime, pour votre pays, de
se défendre contre ceux qui lancent des roquettes sur Israël, ou contre les
kamikazes qui emportent avec eux de nombreuses vies israéliennes
innocentes. Ce à quoi je vous répondrai que mon sentiment d'humanité ne
varie pas selon la citoyenneté des victimes.

Par contre, monsieur le président, vous dirigez les destinées d'un pays qui
prétend, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi
la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme. C'est cela qui me
concerne et m'est insupportable. En conservant au Mémorial de Yad Vashem,
au coeur de l'Etat juif, le nom de mes proches, votre Etat retient prisonnière
ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l'otage
d'une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l'abomination qu'est
le déni de justice.

Alors, s'il vous plaît, retirez le nom de mon grand-père du sanctuaire dédié
à la cruauté faite aux juifs afin qu'il ne justifie plus celle faite aux
Palestiniens.

Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma respectueuse
considération.


Jean-Moïse Braitberg est écrivain.

No hay comentarios:

Publicar un comentario